golgoth5 Site Admin

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Posté le: Lun 30 Juil 2012, 16:40 Sujet du message: Maléfices (résumé de la séance du 23 Juin) |
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- Edgar Monier, militaire de son état (joué par Tôma), est chargé d'une double mission d'évaluation au sein de la ganterie fondée par Jules Tréfousse, sise à Chaumont-en-Bassigny. L'armée est très intéressée par les procédés industriels relativement novateurs mis en oeuvre au sein de la ganterie (on parle alors du 'système de Chaumont') et désire passer une importante commande d'effets en cuir. Il arrive sur place courant mai 1888 pour découvrir l'imposante fabrique qui emploie plusieurs centaines d'ouvriers et occupe également plusieurs miliers de couturières à domicile. Il y fait la connaissance d'un brillant ingénieur dans ses âges, Louis Sarteau. Il peut suivre dans la presse locale les conséquences d'une ancienne tradition médiévale ressurgie du passé : la Diablerie de Chaumont (voir notice infra). Parmi leurs nombreuses exactions les diables ont agressé le curé de Jonchery, ont marqué au fer des bêtes d'un troupeau de Buxereuilles (provoquant la noyade d'une vache dans la Suize), ont harcelé une jeune fille s'en retournant seule chez elle à Viliers (la situation, qui menaçait de dégénérer, prend fin du fait de l'intervention de passants), ont semé la pagaille de nuit au village de Bréthenay (un paysan, ayant tenté de chasser les importuns à coups de fourche, a vu sa grange brûler peu après) et ont provoqué à plusieurs reprises la maréchaussée (un gendarme en a d'ailleurs blessé un autre en tirant sur un diable). Le commandant de la Gendarmerie de Chaumont, Louis Lebon, apparaît particulièrement remonté.
- Martin Joubert, médecin lyonnais (joué par Matthieu), est invité pour le mariage de sa jeune nièce, Héloise Laloy, le 16 juin. Héloise est simple couturière à la ganterie Jules Tréfousse, c'est une vraie beauté qui doit épouser Louis Sarteau. Il s'agit vraisemblablement d'un mariage d'amour pour ce dernier dont la condition sociale lui permettrait de prétendre à mieux.
- Maurice Fressange, industriel et franc-maçon (joué par Dimitri), est invité par Jules Tréfousse, lui aussi industriel et franc-maçon (et accessoirement maire de Chaumont) à une rencontre de la loge de Chaumont les 16 et 17 juin. Parmi les invités figure notamment Hippolyte Fontaine, un important industriel de l'époque.
Le hasard réuni donc Monier, Joubert et Fressange qui se connaissent (pour avoir participé à l'aventure Coeur Cruel) au vin d'honneur de Louis Sarteau. Le lundi l'horreur s'invite à Chaumont : la jeune mariée a été retrouvée morte en la basilique Saint Jean-Baptiste. Les obsèques sont prévues dès le lendemain, le mardi 19 juin. C'est l'occasion pour les PJ de rencontrer Louis Lebon et le juge d'instruction en charge de l'enquête, Robert Drouin. Pour le gendarme les diables sont coupables. Drouin est plus nuancé. Il révèle à Joubert les circonstances exactes de la mort de sa nièce : son corps a été retrouvé mutilé, dans une mise en scène sataniste. Elle a été violée. Selon le légiste les mutilisations sont intervenues post mortem et la cause exacte de la mort n'est pas connue. Il évoque néanmoins la forte alcoolisation de la victime. Au mur est écrit en lettres de sang '6 est le chiffre de la Bête'. La scène de crime semble trop ostensiblement mise en scène pour le juge d'instruction. Il n'écarte pas pour autant la piste des diables mais elle ne lui semble pas vraiment évidente. Il avoue néanmoins avoir peu d'indices et que l'enquête risque d'être difficile.
Sur la fin de l'enterrement des diables font irruption dans le cimetière en lançant des pétards et hurlant des insanités, avant de prendre la fuite. Lebon ouvre aussitôt le feu mais sans toucher de diable (même s'il est persuadé du contraire). Monier parvient presque à en rattraper un qui disparaît mystérieusement au détour d'une ruelle. La provocation paraît incroyable s'ils sont effectivement à l'origine de la mort d'Héloise. Les PJ comprennent vite qu'ils ont tout intérêt à aider la justice de leur côté s'ils veulent voir cette affaire résolue, malgré la bonne volonté du juge d'instruction. Deux pistes sont envisagées : les diables d'un côté et quelqu'un de l'environnement du couple de l'autre. En ce qui concerne la première piste les PJ se renseignent sur les exactions attribuées aux diables et sur la Diablerie de Chaumont (ils obtiennent les renseignements figurant en notice d'Emile Jolibois, historien et archiviste départemental). Un pétard qui n'a pas explosé est ramassé au cimetière, mais il ne porte aucune inscription particulière. Il pourrait avoir été vendu, comme beaucoup d'autres, par la boutique locale Brac & Joie. En ce qui concerne la seconde piste les PJ s'interrogent sur la disparition d'Héloise (apparemment sortie de chez elle en pleine nuit) et sur les ennemis possibles du couple. Sur ce dernier point deux personnes sont ciblées : Robert Wagram, un ingénieur dont l'incompétence a été mise en évidence par Sarteau et qui a été viré. Il résiderait Dijon. Et David Tréfousse, le petit-fils de l'industriel et notoirement jaloux de l'influence acquise par le jeune ingénieur auprès de son grand-père. Il est amené à reprendre l'affaire mais c'est un fétard irresponsable.
Pour le reste je ne me souviens plus trop à quel moment on s'en était arrêté et ce qui avait été fait... ou pas. J'en appelle à la mémoire des joueurs pour compléter ce résumé. En espérant n'avoir pas mentionné une information dont les joueurs ne disposaient pas. Ou rien avoir oublié d'essentiel !
Le Grand Pardon & La Diablerie de Chaumont :
Ce scénario est basé sur une manifestation historique de la ville de Chaumont, qui a eu cours entre la seconde moitié du XVIème siècle et la première moitié du XVIIème siècle : la Diablerie de Chaumont. Celle-ci trouve son origine dans le Grand Pardon de Chaumont. La seule église de la ville, dédiée à saint Jean-Baptiste, fût érigée en collégiale par une bulle du pape Sixte IV, en date du 15 des calendes de janvier 1475. La demande de la population et de l’évêque diocésain fût d’autant plus facilement acceptée qu’un évêque d’origine chaumontaise, Jean de Montmirel, était alors référendaire secret auprès du Saint Siège. Le pape ira même plus loin que la demande initiale puisque s’ajouteront deux bulles des 16 et 12 des calendes de février 1475 qui réuniront la collégiale et les édifices religieux locaux en chapitre et soumettront celui-ci directement au pouvoir du Saint-Siège. Néanmoins, en raison de protestations locales (en particulier de ce même évêque diocésain qui y perdait du coup en pouvoir), le chapitre reviendra rapidement sous la juridiction de l’ordinaire. Enfin une bulle du 6 des ides de février 1475 autorisera le Grand Pardon général de peine et de coulpe : les années où la fête de la naissance de Jean-Baptiste (le 24 juin) tombera un dimanche, une indulgence pleine et entière pour les pêchés, les crimes et les délits, ou les sanctions religieuses (même celles dont l’autorité relève normalement du Saint Siège) pourra être accordée aux fidèles qui se confesseront et feront un repentir sincère. Cette possibilité est ouverte pendant les trois jours qui précèdent ou suivent ce dimanche.
Évidemment le Grand Pardon de Chaumont attire les foules et justifie l’organisation de festivités. A partir de la seconde moitié du XVIème siècle ces festivités sont marquées par la mise en scène de la vie de saint Jean-Baptiste sous la forme de petites scènes théâtrales en vogue à l’époque : les mystères. Ceux-ci sont d’abord au nombre de 9 puis s’étoffent jusqu’à compter 15 scènes. Le contenu des mystères doit peu à la théologie et contient nombre d’éléments païens, d’autant que c’est la ville qui est chargée d’organiser le spectacle. Les coûts sont supportés par le chapitre (c’est d’ailleurs pour cette raison que le Grand Pardon tombera en désuétude : ce coût est exorbitant par rapport aux retombées économiques et sa vertu théologique peu évidente). Les séquences d’origine sont : Zacharie, l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, Saint Jean au désert, le Baptême, l’Emprisonnement, la Décollation et l’Enfer. (1) Zacharie reçoit la visite d’un ange qui lui annonce que son épouse Élisabeth va enfanter. Zacharie en doute du fait de l’âge avancé de sa femme. Par châtiment divin il devient muet en raison de son incrédulité. (2) La vierge Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel qui lui annonce qu’elle enfantera du Sauveur. (3) Élisabeth reçoit la visite de Marie (qui est sa cousine). L’enfant qu’elle porte perçoit la présence du Christ en Marie et s’agite dans son ventre. (4) Élisabeth donne naissance à Jean et son mari retrouve la parole. (5) Précurseur du Christ, Jean prêche sa venue dans le désert. (6) Jean procède au baptême du Christ. (7) Jean est emprisonné par Hérode dont il a dénoncé publiquement la conduite immorale. (8 ) Une courtisane d’Hérode le convainc au cours d’un banquet de faire décapiter Jean. (9) Au moment de sa mort l’âme d’Hérode est précipitée aux Enfers.
La tenue du Grand Pardon est annoncée par les autorités ecclésiastiques très en amont de l’événement. Mais avec le développement des mystères une autre forme de publicité est donnée à l’événement : le dimanche des Rameaux, à l’issue de la procession (symbolisant l’entrée de Jésus à Jérusalem), des gens déguisés en diables surgissaient et effrayaient (amusaient) la population en lançant invectives et pétards. Ceux-ci battent ensuite la campagne, annonçant le Grand Pardon prochain. Sauf qu’au fil du temps les ‘diables’ se sont mis à se comporter comme tels, d’abord pour ajouter de la vraisemblance, puis pour en tirer un bénéfice, commettant de nombreuses exactions dans les campagnes et bientôt véritablement craints. Environ deux mois passent depuis les rameaux jusqu’au dimanche qui précède la Saint Jean. Ce dimanche est consacré aux répétitions des mystères. Le Grand Pardon commence véritablement le jeudi suivant. Après les vêpres toutes les cloches de la ville de Chaumont sonnent pendant une demi-heure et le trésor de miséricorde est ouvert pendant la durée du Grand Pardon. Le commerce bat également son plein, d’autant que la foule est très importante les trois jours qui précèdent la Saint Jean et diminue singulièrement après. Des tribunaux de pénitence attendent les pénitents – nombreux – dans les rues, les seuls lieux de culte ne pouvant suffire. L’atmosphère de la ville est à la fête et les paillardises se succèdent. Le samedi les festivités commencent à la tombée de la nuit : une procession emmenée par les notables de la ville traverse Chaumont et allume un grand brasier place de la Saint-Jean. Une messe est célébrée après minuit. Le lendemain matin les chaumontais décorent la ville et les théâtres. Après midi une nouvelle procession, emmenée cette fois par les comédiens, traverse la ville et stationne devant chaque théâtre, déroulant ainsi les mystères jusqu’au soir où les secondes vêpres sont célébrées et où est lue la bulle originale du Grand Pardon général de peine et de coulpe. _________________ Nitouche for President !
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