Evénements importants de la Saga de l’Alliance de Val Brésac

(Telle qu’elle a été vécue par Marion de Guernicus)

 

Préambule : Ce document prolonge la description des principaux événements de la saga de l’Alliance de Val Brésac rédigée  par Rebecca de Guernicus. Il est l’œuvre de sa fille et filius, Marion de Guernicus, et n’a été commencé qu’en 1226. Par conséquent les événements qui y sont relatés ne sont pas toujours fidèles à la réalité ; ils sont ici décrits tels qu’ils ont été vécus par Marion de Guernicus et tels qu’elle s’en souvient.

Comme pour le document précité la valeur de ce récit doit s’analyser comparativement avec des écrits similaires d’autres protagonistes de la saga de l’Alliance de Val Brésac.

 

1221 – Je reviens enfin sur cette année tragique après plusieurs années de deuil. Rebecca de Guernicus, maman, a été assassinée au cours du printemps par Victime d’Ex Miscellanea. Celle-ci fraya avec le Malin jusqu’à précipiter sa fin. Pourtant ma mère la défendit toujours devant le Conseil et s’efforça de la convaincre de ses errements. Elle a payé son altruisme de sa vie mais son âme est désormais au Paradis tandis que celle de Victime ère maintenant dans les tourments de l’Enfer. La disparition de deux de ses mages fondateurs aussi prématurément a plongé beaucoup de membres de l’Alliance dans une grande détresse mais la grande œuvre que nous nous sommes imposées doit continuer malgré les malheurs qui nous frappent.

Quant au reste de l’année il s’est déroulé dans une atmosphère morne et tranquille relativement aux événements qui ont marqué le printemps, sinon que le mage Timus d’Ex Miscellanea à rejoint notre Alliance en été.

 

1222 – Cette année s’est déroulée dans le calme et pourtant, loin de marquer un apaisement dans les vicissitudes de notre Alliance, elle ne s’est révélée être qu’une courte accalmie avant la tempête qui devait nous atteindre l’année suivante. Sur un plan plus personnel j’ai donné naissance à deux magnifiques petites filles en automne, baptisées Blandine et Rebecca.

 

1223 – Avec le recul il m’apparaît que cette année marque un tournant dans l’histoire de notre Alliance : les événements qui s’y sont déroulés sont à l’origine des principales préoccupations du Conseil à l’heure où j’écris ces lignes, en 1132. Peut-être est-il possible de faire remonter toute cette histoire à la dérive infernaliste de Victime d’Ex Miscellanea même si, pour ma part, je reste persuadée qu’elle n’a réellement commencé qu’avec l’enquête menée à l’alleu d’Ercé.

Quelques années auparavant une vague de décès suspects avait frappé certains vulgaires de la région. Les symptômes qu’ils présentaient rappelaient la fièvre noire mais avec une absence de contagion et d’épidémie. Après quelques mois d’apparente rémission la maladie a atteint l’un de nos servants après que celui-ci se soit rendu à l’alleu d’Ercé. Nous avons découvert sur place que les villageois vivaient sous l’influence d’un sort annihilant leur volonté, la seule personne qui fut épargnée étant le seigneur de l’alleu. Ce dernier approvisionnait une personne mystérieuse au lieu-dit du Chas-du-Diable, qui peut-être était un mage de l’Ordre d’Hermès. Aucune magie ni aucun soin ne sont venus à bout de la maladie et nous avons décidé de prévenir le Tribunal de nos découvertes.

 

1224 – Le Tribunal ayant décidé une enquête, Paritage de Bellaquin y a procédé. Il n’a rien découvert pendant ses investigations mais nous nous sommes rendu compte que quelqu’un lui avait fait perdre la mémoire de certains événements. De ce point de départ nous sommes remontés sur les traces d’une sorcière vivant dans la forêt de Sombreval, là où ma sœur avait fugué quelques années plus tôt. Le barde rencontré par ma sœur à cette occasion était en fait prisonnier de cette sorcière et lui servait à éloigner les hommes-loups d’un ancien autel consacré au démon grâce à son chant magique. Pandore de Criamon est parvenue à détruire l’autel au prix d’une malédiction infernale et la sorcière qui était responsable de l’épidémie de maladie a trouvé la mort.

L’enquête menée au Chas-du-Diable n’a donné aucun résultat probant sauf que l’endroit semblait être de nature infernale et que de puissants enchantements recouvraient les lieux.

Plus inquiétant encore, au cours du Tribunal qui s’est déroulé cette année, un mage de Tytalus expert en démons a annoncé que, selon lui, il existait une augmentation générale de l’activité infernale autour du bassin méditerranéen. Le malheureux n’a pu en dire davantage car il est mort en pleine séance du Tribunal, tué vraisemblablement par un démon puissant qui avait pris l’apparence d’un mage de Lariandre.

 

1225 – Une nouvelle année plutôt tranquille dans la vie de l’Alliance. Nous sommes parvenus à négocier un accord de virtus avec Doïsseteppe pour nous permettre de disposer chaque année de ressources suffisantes en virtus virtum pour pouvoir lancer notre Ægis du Foyer. Par ailleurs Timus d’Ex Miscellanea a décidé de quitter notre Alliance, remplacé dans le même temps par Plectrude de Bonisagus. Je me réjouis pour ma part que le Conseil ait également accepté l’admission de ma très chère sœur en son sein.

 

1226 – Les problèmes se sont de nouveaux penchés sur notre Alliance mais je n’ai pris à leur résolution qu’une part modeste car ma troisième petite fille, Clémence, est décédée des suites de l’accouchement. Le malheureux événement m’a laissé sans forces et sans volonté pendant de longues semaines et aujourd’hui encore je peux difficilement penser à ma fille morte-née sans un profond chagrin. Le réconfort est venu pour moi du Petit Peuple – et du soutien de mes proches – qui a accepté à la demande de ma sœur et pour une raison que j’ignore de me confier l’éducation d’une de leurs petites filles prénommée Héloïse.

Quant aux problèmes rencontrés par Val Brésac, ils résultent du soutien que deux de nos servants apportaient secrètement à une communauté hérétique d’obédience patarine du Pic d’Endron qu’ils approvisionnaient en nourriture.

Un inquisiteur, Guy de Tulle, est venu jusqu’à notre Alliance dans les premiers jours de l’année pour les besoins de son enquête sur ces hérétiques. Nous avons eu les plus grandes difficultés – et les plus grandes frayeurs – à neutraliser ses investigations au sein de nos murs. Nous avons en définitive fait usage d’un sort perdo mentem afin de lui effacer la mémoire et fait en sorte que l’inquisiteur attribue son amnésie à quelque sortilège lancé sur lui par l’un des hérétiques du Pic d’Endron.

Malgré nos efforts celui-ci est revenu à nos portes à la fin de l’été en nous apprenant qu’il avait renoncé à sa carrière d’inquisiteur et, qu’ayant entendu parler de la vocation érudite de notre communauté, il souhaitait y demeurer. Nous avons donc décidé de lui révéler la vérité au sujet de notre Alliance (le Conseil m’a chargé de le faire et j’avoue avoir en la matière largement dépassé ses intentions) et en dépit de ces révélations il a choisi de rester parmi nous.

 

1227 – Une année sans incidents bienvenue après les événements de 1126 même si l’un des deux servants qui soutenaient les patarins nous a avoué qu’il avait entendu plusieurs d’entre eux parler de réaliser un rituel au Chas-du-Diable ! Comme la communauté du Pic d’Endron se trouvait être alors la cible de plusieurs inquisiteurs nous avons décidé de remettre une éventuelle enquête sur place à plus tard.

 

1228 – Les hérétiques ayant été chassés du Pic d’Endron une enquête a été menée sur les lieux pour essayer d’y découvrir d’éventuels liens avec un mage hermétique ou une entité infernale. Nos investigations printanières ont permis d’établir que la communauté patarine avait accueilli en son sein un étrange personnage (qui pourrait être Felipe de Agrippa) qui est parvenu à dévoyer leur théologie pour les convaincre d’en faire appel aux démons pour se défendre contre l’Eglise. L’homme semblait également avoir en projet, avant que les inquisiteurs n’interviennent, de retrouver un ancien lieu de magie localisé à proximité du village d’Ixùl. Comme preuve de ses dires il avait rapporté aux patarins un cristal magique qui contenait en fait un pion de virtus muto.

Sinon les saisons se sont succédées les unes aux autres avec pour seul point commun le temps particulièrement mauvais cette année. J’ai donc passé l’essentiel de mon temps dans mon laboratoire à mener mes études.

 

1229 – Suite aux découvertes de l’année précédente, une première expédition a été envoyée pendant l’été dans les environs d’Ixùl pour essayer de localiser le lieu mystique sus-mentionné. Ses participants ont découvert l’existence d’un bâton de bois au fond d’une vallée partant d’Ixùl qui porte de nombreux enchantements dont certains d’une magnitude très importante. Les villageois se sont pour leur part montrés terrorisés par les mages, appelant Guillaume de Flambeau du nom de « Guetteur » et lui expliquant n’avoir jamais rien révélé à personne à son sujet. Ils ont également mentionné le nom d’un ermite, selon eux mort depuis longtemps, Temtisius. Après cela ils ont fait preuve de la plus grande hostilité contre les mages et l’expédition a été contrainte de revenir à l’Alliance sans plus de résultats. Du reste l’année s’est écoulée dans une douce quiétude et pour ma part j’ai consacré une grande partie de mon temps à ma famille et à ma bien-aimée.

 

1230 – L’expédition à Ixùl a été reconduite mais a connu une issue plus tragique que l’année passée. Suite à une défaillance de Narcos de Criamon au cours de l’enquête plusieurs hommes – dont un servant de l’Alliance – ont trouvé la mort et usage de magie a été fait devant des témoins vulgaires. Par conséquence de ces événements les investigations sur place ont été abandonnées. Dans le même temps une requête de ma part au Tribunal m’a appris qu’il a existé un mage du nom de Temtisius de la maison Ex Miscellanea et une enquête approfondie à ce sujet à permis de définir que le lieu de magie que nous recherchions était selon toute vraisemblance la célèbre Alliance de Val Negra. J’ai informé le Tribunal du résultat de nos investigations et celui-ci a décidé de tenir une session extraordinaire au printemps suivant afin de déterminer les modalités de l’exploration menée à Val Negra.

L’année s’est donc achevée avec l’espoir de retrouver dans l’Alliance oubliée de fabuleux ouvrages de savoir mystique même si, pour ma part, je pensais que seuls les pièges magiques auraient survécu à l’épreuve du temps, protégeant un savoir désormais réduit en poussière.

 

1231 – Le Tribunal du printemps a été conforme à nos attentes en dépit de la décision de faire du site de Val Negra, jouissant d’une aura exceptionnelle, le lieu d’une nouvelle Alliance et non un lieu d’étude ouvert à tous les membres du Tribunal. L’expédition menée par Plectrude de Bonisagus, Guillaume de Flambeau, Perniciel de Tremere (de Lariandre) et Davnavolus de Bonisagus (de Bellaquin) a mis en évidence les dangers que je pressentais et a été dans l’obligation de revenir précipitamment, ses membres ayant été victimes de sorts puissants. Perniciel a part ailleurs trouvé la mort en se suicidant des suites de sa présence à Val Negra.

En dépit de l’issue tragique de l’expédition et de l’état désolé de l’Alliance faisant craindre l’absence totale de savoir mystique, le Tribunal a décidé de reconduire cette expédition l’année suivante (sans doute motivé par l’existence d’importantes ressources en matière de virtus).

 

1232 – Le climat ayant été particulièrement favorable en ce début d’année, j’ai passé le printemps en compagnie de Solange à apprendre à monter aux filles et nous nous sommes livrées à quelques longues ballades avec les deux plus grandes. Ma sœur, elle, a été forcée de rester cloîtrée en raison d’un heureux événement : la naissance de son fils Tancrède.

La seconde expédition à Val Negra était composée à nouveau de Plectrude et de Davnavolus, tous deux de Bonisagus, et de Narcos de Criamon et Michaël-Jay le Loup de Bjornær (de Doïsseteppe). Hélas l’issue de celle-ci s’est révélée encore plus fatale que l’an passé puisque la totalité des mages à l’exception de Davnavolus y ont trouvé la mort. Notre Alliance est bien évidemment sous le choc de la disparition soudaine de deux de ses membres et nous nous interrogeons tous sur l’avenir.

Val Negra a finalement été explorée dans son intégralité par Quimrik de Tytalus et Protantus de Guernicus (tous deux de Doïsseteppe) qui ont découvert d’importantes ressources en virtus (dont une partie non négligeable est revenue à notre Alliance) et quelques ouvrages de savoir mystique. Ils ont également trouvé dans les profondeurs de l’Alliance une mystérieuse trappe métallique en assez mauvais état et un parchemin contenant un rituel intitulé « Fermeture de la Porte Infernale ». Leur dernière découverte est pour le moins inquiétante et pourrait expliquer l’intérêt de Felipe de Agrippa (s’il s’agit bien de lui) pour Val Negra.

 

1233 – Une année plutôt calme si l’on excepte que le devenir du site de l’Alliance de Val Negra est sujet à de vives discussions au sein du Tribunal qui portaient sur la constitution ex nihilo d’une nouvelle Alliance ou sur la création d’un lieu d’étude ouvert à tous les membres du Tribunal. Quoiqu’il en soit, et même si son issue semble s’orienter vers la première solution, le débat n’est toujours pas clôt et l’exceptionnelle aura de Val Negra attise les convoitises. Sur le sujet notre Alliance paraît davantage favorable à la seconde solution et Soledad aura pour tâche d’essayer de convaincre ses nombreux détracteurs.

Sur le plan personnel cette année s’est passée de manière studieuse et j’ai profité des ressources acquises à Val Negra pour mener des études que j’avais repoussées jusqu’à présent. Enfin ma sœur et moi avons été élevées au rang de mages fondateurs de l’Alliance.

 

1234 – Le début d’année à été marqué par l’ « emprunt » de plusieurs de nos servants par Sidonie, la reine fée du regio qui se trouve sous notre Alliance, pour les faire s’affronter avec d’autres vulgaires choisis par des nobles fées de plusieurs regio. Nous avons été soulagés d’apprendre la raison pour laquelle nos servants avaient disparus et de nous les voir restitués en bonne santé et je crois savoir qu’ils ont bien figurés dans ces jeux organisés pour une raison connue uniquement du Petit Peuple. Pour le reste nous avons accueilli au sein de l’Alliance un nouveau mage, Théodobald de Bonisagus, mais cette nouvelle adjonction à notre communauté n’était que le prélude aux profonds changements de l’année suivante.

 

1235 – Les principaux événements de l’année concernent les importantes modifications qui se sont produites au sein du Conseil de Val Brésac. Mon père, Paritage de Jerbiton, et son filius Clarembeau, mon frère, ont décidé de quitter notre Alliance pour rejoindre celle de Bellaquin tandis que nous avons admis deux nouveaux mages, Aaron et Armand, tous deux de Bonisagus. Le Conseil se compose donc désormais de neuf membres dont six mages fondateurs mais dont seulement quatre peuvent réellement être qualifiés comme tels. Je considère ce sang frais comme une chance pour Val Brésac qui se voit donc prendre un nouvel essor après la perte douloureuse de plusieurs de ses mages au cours des dernières années et le départ de mon père et de mon frère. Je suis un peu triste de les savoir loin de moi, même si la distance qui sépare notre Alliance de Bellaquin n’est pas insurmontable.

Nous avons été confrontés en automne à un grave problème qui aurait pu avoir des conséquences extrêmement graves mais qui heureusement a été résolu sans trop de conséquences dommageables. La tranquillité de l’Alliance avait été troublée par l’explosion improbable – et potentiellement dangereuse – de plusieurs petits animaux sans que nous puissions trouver d’explication au phénomène. La solution est venue d’un paysan de Guérigue – un village proche au sud de Radon – venu à l’Alliance chercher de l’aide pour soigner les graves brûlures occasionnées à plusieurs villageois par des souris explosives ! Une enquête sur place a permis de découvrir la cause du phénomène : un être féerique de la cour d’Ombre, outré par la construction d’une chapelle et la venue d’un prêtre qui a par ses sermons détourné les villageois des anciennes traditions, a décidé de se venger en enchantant des souris de sorte qu’elles explosent en mourant et en en déposant chaque nuit au cœur du village. Alpaïs, accompagnée de plusieurs autres mages, s’est rendue dans le regio féerique pour y rencontrer son seigneur, une créature féerique du nom de Cyaran, et est parvenue à faire en sorte que tous en ressortent vivant et que l’invasion de souris cesse mais au prix de promesses délirantes. Heureusement nous sommes parvenus à tenir ses engagements en interprétant les termes de la promesse à la lettre et, même si certains mages de l’Alliance pensent que ma sœur s’est montrée complètement inconsciente, je crois au contraire qu’elle s’est seulement révélée un peu irréfléchie et qu’elle s’est parfaitement comportée – je suis même presque sûre que n’importe quel autre mage n’aurait pas réussi à s’en tirer à si peu de frais. Le seul problème qui reste en suspend est qu’Alpaïs a prétendu venir de l’Alliance du Carrefour des Vents et que le seigneur Unseelie pourrait choisir d’exercer sa vengeance à l’encontre de ceux-ci même si je n’y crois guère car il na pas semblé lésé par l’exécution de la promesse.

 

1236 – Une année calme, à peine troublée par l’action d’une bande de brigands opérant sur les berges de l’Ariège, à hauteur de Tarascon, et dont on nous avait déjà fait mention par le passé. Elle s’est attaquée à nos servants qui revenaient d’un voyage de réapprovisionnement à Toulouse et ceux-ci ayant promptement abandonnés les marchandises qu’ils convoyaient, l’incident s’est achevé sans heurt et la perte – réparable – de plusieurs livres d’argent. Une courte enquête nous a permis de retrouver les voleurs, au prix malheureusement de la mort de l’un de nos servants, mais nous avons décidé de ne pas agir à leur égard pour ne pas prendre parti dans la lutte politique les opposant au seigneur de Tarascon.

Pour le reste l’année s’est écoulée paisiblement ; les différentes séances de Conseil ont été marquées par l’apport d’idées neuves représenté par les nouveaux Mages admis à l’Alliance ces dernières années. Ceux-ci commencent à trouver leurs repères par rapport aux Mages aux plus anciens et quelques projets d’avenir ont été ébauchés comme l’utilisation d’une partie du domaine pour l’exploitation de vignes et d’autres plantes distillables pour agrémenter le quotidien de divers alcools.

 

1237 – Le printemps a commencé par un appel à l’aide émanant de la communauté juive de Toulouse, au travers la voix de Rachel, la femme de notre ancien autocrate. Celle-ci nous a expliqué le chantage régulièrement exercé contre les juifs de la ville, certains individus profanant leurs cimetières et demandant de l’argent en échange des corps déterrés. Mais cette fois la situation était quelque peu différente car ce n’est pas de l’argent qui était demandé en contrepartie mais un ouvrage religieux en hébreu, laissant supposer des activités malsaines et possiblement infernalistes de la part du ou des coupables. Une enquête a permis de remonter la piste jusqu’à une demeure appartenant à l’Alliance de Bellaquin et occupée par un de leurs membres, Nebitrinus de Jerbiton. Nous avons prévenu ladite Alliance de notre découverte avant de saisir le Tribunal pour régler le sort du mage incriminé. Le verdict a été rendu au cours de la session d’automne – au cours de laquelle a été réglé de manière définitive la question de Val Negra avec la constitution d’une nouvelle Alliance dont une partie de la Charte réservera la possibilité aux différentes Alliances du Tribunal de disposer d’un laboratoire permanant dans les lieux – et a déclaré Nebitrinus coupable d’interaction avec les vulgaires en soulignant toutefois qu’il ne recherchait le livre que par intérêt pour les écrits hébraïques et non pour se livrer à des activités infernales.

Dans le même temps notre Alliance a été menacée par le seigneur de Tarascon qui, ayant obtenu des hommes du comte de Foix, a décidé de s’attaquer au problème de brigandage signalé l’année passée et, du fait de la proximité de leur retraite avec Val Brésac, de nous soumettre par la même occasion. Le problème a été résolu en soutenant les prétentions légitimes du chef des brigands, aîné du seigneur de Tarascon, et ayant été écarté du pouvoir par les manigances de ce dernier. Aucun autre événement d’importance n’est venu affecter la vie de l’Alliance cette année.

Je tiens à préciser dans ce document mes premières impressions concernant les mages récemment admis au Conseil : Théodobald, Aaron et Armand – tous trois de Bonisagus. Ce dernier me paraît le plus prometteur des trois et son intérêt pour la distillation des alcools vient rejoindre le mien pour le whisky. Par ailleurs il s’est montré pour le moment plutôt sociable et très intéressé par la vie de l’Alliance. Il en est de même pour Aaron même si celui-ci fait davantage figure de rat de laboratoire mais que je sens enclin à d’intéressantes discussions dans le domaine de la magie. Enfin concernant Théodobald je dois dire pour le moment qu’il n’a guère démontré autre chose que de l’arrogance, de la suffisance ainsi qu’un indéniable manque de profondeur d’esprit.

 

1238 – Une année pauvre en événements extérieurs et donc particulièrement adaptée aux études mystiques. Le principal événement de l’année a été la tenue d’un conseil composé d’un représentant de chaque Alliance du Tribunal afin de rédiger les statuts définitifs de la future Alliance de Val Negra. Mérite également d’être signalé le désastre magique dont a été victime Taritus et qui a transporté celui-ci dans un regio magique contigu à notre aura. Nous avons mis plusieurs mois à comprendre les raisons de la disparition de Taritus et de ses multiples manifestations fantomatiques en divers points de l’Alliance. Finalement l’invention d’un rituel adapté nous a permis d’ouvrir un passage vers le regio pour y récupérer Taritus. Nous avons alors découvert à notre grande stupeur que ledit regio enfermait d’autres mages de toutes les époques qui avaient connus des désastres similaires. Le plus ancien d’entre eux avait semble-t-il pris le contrôle du lieu pour trouver un moyen d’en ressortir à l’aide des ressources magiques apportées par les autres mages emprisonnés. Nous lui avons sans le savoir donné ce moyen mais fort heureusement il a été rattrapé par le temps à sa sortie du regio et est retourné à la poussière.

Enfin, pour compléter ce résumé des événements de l’année, je dois ajouter que certains de nos servants se sont procurés à Toulouse une « carte au trésor » qui les a menés dans une ancienne abbaye où la résolution d’une énigme a permis la découverte de quelques deniers et d’anciens ouvrages qui devaient se trouver à l’Index (dont un recueil de poèmes de Sappho).

 

1239 – L’année a commencé curieusement avec la venue de Dame Sidonie (la reine fée du regio qui se trouve sous notre Alliance) avec sa cour. Elle s’est entichée d’un conseiller qui l’a convaincue que le domaine de Val Sinistre était sien et que nous lui devions tribut pour son occupation mais aussi pour la protection fournie contre le géant endormi. La séance diplomatique qui s’en est suivie a été particulièrement surréaliste et peu sérieuse mais nous sommes parvenus à trouver un accord à peu près raisonnable avec Sidonie.

Dans le même temps, un moine a trouvé la mort aux portes de notre Alliance, le corps horriblement lacéré de nombreux coups de griffes et transportant un message destiné à l’évêque de Foix faisant état d’une menace infernale dans son monastère de Lancey. Nous nous sommes rendus au dit monastère qui abritait une relique extrêmement précieuse et dont je n’avais jamais entendu parler auparavant : le Saint Gradale (il s’agit de la coupe ayant recueilli le sang de Christ lors de la dernière Cène – j’ai appris depuis que certains ecclésiastiques pensent qu’elle l’a recueilli alors qu’il était sur la croix). La simple proximité du Saint Gradale semble être en mesure de proscrire l’usage de la magie. Si notre enquête nous a permis de découvrir des indices d’une corruption positive et actuelle des moines du monastère, l’auteur en est resté inconnu jusqu’à ce qu’il se dévoile en essayant de remettre la relique au Démon. Il a échoué – non grâce à notre intervention – mais en demandant le pardon à Dieu pour ses actes, puis il est mort de la main de la créature infernale. Celle-ci semble avoir définitivement disparu et il faut maintenant espérer que le monastère saura retrouver sa sérénité après d’aussi terribles événements.

La fin de l’année a été marquée par le choix surprenant et inconscient de Théodobald de Bonisagus d’honorer ses engagements auprès du Petit Peuple, nonobstant les conseils et avertissements de ses consortis. Il est parti peu de temps avant Samain et le règne de la Cour d’Ombre et je crains qu’on ne le revoit pas de si tôt, sinon jamais.

 

1240 – Enfin une année paisible où aucun événement de nature à troubler la vie de l’Alliance n’est intervenu. Et pour une fois aucun doit être entendu au sens large : pas le moindre problème n’a été à déplorer, ni concernant les mages ni concernant les servants, et l’Alliance n’a été touchée s’aucun trouble extérieur. Le seul fait digne d’importance est l’arrivée en nos murs d’un jeune mage de Bérinor, Quintus de Criamon, venu fuir les vicissitudes de son ancienne Alliance liées à la découverte des activités infernalistes de son premier parens, Vadorus de Tytalus, et à son éradication violente. Par ailleurs aucune nouvelle ne nous est parvenue de Théodobald de Bonisagus et mes craintes à son égard s’en trouvent donc confirmées.

 

1241 – Une année tourmentée dont les événements se font l’écho d’inquiétants mystères passés non encore résolus. Alors que j’étais envoyée par le Tribunal pour mener un état des lieux de Val Negra, accompagnée en cela par deux de mes consortis, Quintus et Pandore de Criamon, nous sommes arrivés sur les lieux peu après la découverte du cadavre de l’un des mages de l’Alliance, Sirenius de Bonisagus. Sans entrer dans les détails d’une enquête compliquée par de nombreuses intrigues et la ruse du coupable, nous sommes parvenus à déterminer d’une part que le meurtre de Sirenius avait un rapport avec la Bouche des Enfers et d’autre part que son assassin était Lucius de Merinita. L’élément déterminant de sa culpabilité nous est arrivé sous la forme d’un message de Protantus de Guernicus nous informant qu’il avait diligenté une enquête auprès de la lointaine Fudarus sur la personne de Lucius qui prétendait venir de ladite Alliance alors qu’il n’en était rien. J’ai remercié Protantus pour son aide inopinée et précieuse mais il m’a avoué n’avoir jamais demandé une telle enquête ! De plus nous n’avons pas réussi à faire parler Lucius concernant les raisons et les moyens du meurtre, celui-ci s’étant réfugié d’abord dans le cynisme puis dans une peur grandissante avant de finalement mourir dans d’atroces souffrances, les yeux littéralement brûlés, d’une manière rappelant sombrement la mort d’un mage expert des questions de démonologie en pleine séance de Tribunal en 1224. Sitôt après sa mort un rire terrifiant s’est fait entendre, probablement le même rire sinistre qui résonna 17 ans plus tôt.

Au moment de rendre son dernier souffle, Lucius a prononcé certains mots qui pourraient avoir de l’importance à l’avenir : « Lux Ex Tenebris, à travers le Chas du Diable, au moment où… ». La suite s’est malheureusement perdue dans ses appels au pardon divin. Ces événements effacent par leur importance tous ceux qui ont pu se produire cette année et soulèvent plusieurs questions telles que l’identité et les motifs de qui nous a fait parvenir le message affirmant que Lucius ne provenait pas de Fudarus, les schèmes infernaux qui se trament dans la région depuis de nombreuses années et en particulier le rôle du Chas du Diable, le sens de ce Lux Ex Tenebris prononcé par Lucius, etc.

 

1242 – Les événements de cette année se sont malheureusement inscrits dans la continuité de ceux qui se sont déroulés l’an dernier à Val Negra mais certaines des questions que je posais trouvent maintenant un début de réponse. Un mal ancien a refait surface : Felipe de Agrippa s’est rendu dans nos murs et ce misérable a osé enlever la fille de Solange. Nous avons retrouvé sa trace dans un regio infernal ancré au Chas du Diable et dans lequel nous sommes parvenus à pénétrer pour y découvrir une Alliance occulte dédiée à l’infernalisme : Lux Ex Tenebris. Nous avons traversé ces lieux profanes qui ont provoqué chez moi répulsion et colère pour surprendre une cérémonie maléfique qui a vu le sacrifice rituel d’une pauvre fille innocente que j’ai d’abord cru être ma très chère Sarah. Tous les membres de la terrible Alliance étaient rassemblés là sous la houlette de Felipe de Agrippa et, si nous ne sommes pas parvenus à empêcher l’accomplissement de la cérémonie, le déchaînement de forces magiques a été prodigieux et tous les adorateurs du Mal ont trouvé la mort. Felipe de Agrippa semblait satisfait de la tournure des événements et a proposé à deux d’entre nous de se sacrifier pour qu’il restitue en échange l’âme de Sarah, révélant au passage son véritable nom que je n’ose pas retranscrire dans ces lignes. J’avais accepté son ignoble marché et Pandore allait faire de même quand la voix de Rachel s’est manifestée pour nous enjoindre de refuser la proposition du démon et nous confier que notre Alliance, même si elle n’en avait pas conscience, disposait du moyen de le bannir. Devant notre refus Felipe de Agrippa nous a restitué une Sarah indemne mais choquée (la supercherie est alors apparue : l’apparence de mon apprentie avait été donnée à la malheureuse sacrifiée) avant de disparaître en nous annonçant qu’une terrible nouvelle nous attendrait à notre retour à Val Brésac. Effectivement quand nous avons regagné notre Alliance nous avons appris que la Bouche du Diable avait été ouverte et que la quasi-totalité des membres de Val Negra avaient été massacrés. Le choc provoqué par la nouvelle a été considérable, surtout pour Quintus dont le parens, Hermione de Criamon, faisait partie des victimes.

Même si la pertinence est moindre après ces sinistres événements, je dois mentionner les autres faits significatifs qui se sont déroulés durant cette année : d’une part plusieurs de nos servants se sont écrasés pour une raison inconnue avec le bateau volant à proximité du village de Pereille. Ils ont apporté leur soutien aux villageois, à la demande de ceux-ci, pour lutter contre un seigneur local ayant perdu l’esprit et devenu particulièrement tyrannique. Je ne peux que déplorer que l’affaire ait été résolue dans le sang mais ledit seigneur ne nuira plus à personne. D’autre part l’hiver s’est révélé extrêmement rigoureux, dans des proportions surnaturelles. De fait il était causé par la colère d’une fée, la Reine de la Dernière Saison, car un mage hermétique, Valfraine de Tremere, de l’Alliance de Lariandre, s’était emparé de la dépouille emprisonnée dans un cercueil de glace de son bien-aimé. Heureusement nous sommes parvenus à lui restituer son précieux bien et le Long Hiver a pu être interrompu (pour la seconde fois d’après les souvenirs de certains vieux mages). Le Long Hiver avait provoqué l’apathie chez les fées et les membres de l’Alliance qui possédait une part de sang féerique étaient tombés malades.

Enfin je termine ce résumé des événements de l’année sur la nouvelle qui, je l’espère, se révélera en définitive la plus importante de toutes. Nous pensons avoir trouvé le moyen de vaincre Felipe de Agrippa auquel Rachel faisait allusion. Il s’agit très certainement du livre de Din dont nous savons qu’il traite pour partie de la lutte contre les créatures infernales. Malheureusement le livre est en hébreu et il nous reste donc à trouver le moyen de le déchiffrer.

 

1243 – Cette année a été calme mais les événements récents sont encore présents dans tous les esprits et n’ont pas permis de profiter pleinement de cet interlude paisible. Nous avons commencé les recherches nécessaires pour mettre en œuvre les rituels qui se trouvent dans le livre de Din et qui devraient nous permettre de bannir Ukaasaal. Un juif de Toulouse, un ami proche de Rachel, nous a donné une traduction de l’ouvrage et nous a expliqué les éléments pour comprendre les différents rituels. Pandore travaille maintenant dessus avec acharnement car nous espérons tous pouvoir débarrasser la région de la menace du démon au plus vite.

Personnellement j’ai profité de cette année tranquille pour passer plus de temps avec ma famille et pour travailler à mon talisman car ma maladie me rend tout à fait inutile en dehors des murs de l’Alliance, comme je l’ai constaté à Lux Ex Tenebris où je n’ai rien pu faire pour sauver mon apprentie. Cette impuissance à l’aider m’a mise en colère et je ne veux pas qu’une telle situation se reproduise.

 

1244 – L’année a commencé par une réunion exceptionnelle du Tribunal provençal pour discuter des événements qui se sont produits deux ans plus tôt à Lux Ex Tenebris et à Val Negra. Malheureusement les résultats de cette concertation ont été conformes à la politique de l’Ordre d’Hermès : la décision a été prise d’une part d’abandonner complètement le regio magique de l’ancienne Alliance devant la menace constituée par la Bouche des Enfers – décision que j’approuve pleinement – et d’autre part de ne rien entreprendre contre Felipe de Agrippa – décision qui me choque au vu des pertes que celui-ci a infligé dans nos rangs. Au vu des conclusions du Tribunal nous avons préféré tenir secrète notre volonté d’utiliser le livre de Din pour bannir Ukaasaal mais, devant la gravité des risques encourus, j’ai pris sur moi de prévenir de nos intentions Protantus de Guernicus à l’insu de mes consortis.  Le rituel a fonctionné et le démon a semble-t-il été banni. Il a toutefois annoncé avant de disparaître que ce bannissement n’avait rien de permanent et qu’il serait bien assez tôt de retour, bien avant que nos potions de longévité ne cessent de faire effet. Même de sa fin il a réussi à faire un événement tragique. Une fois révélée ma trahison a été logiquement mal accueillie par le Conseil mais je crois sincèrement avoir agi au mieux des intérêts de l’Alliance ; les conséquences d’une nouvelle rencontre avec Ukaasaal auraient pu être désastreuses sans même que nous nous rendions compte de ce que nous avions été corrompus. Devant une telle menace il fallait que quelqu’un soit prévenu pour pouvoir déceler les éventuelles traces de cette corruption.

Enfin je dois mentionner la (mauvaise) surprise qui nous attendait au Tribunal. L’Alliance de Lariandre a accusé l’un de nos membres de s’être emparé de virtus leur appartenant. Le mage en question n’était autre que Théodobald de Bonisagus et bien évidemment il était totalement insolvable. L’affaire a été vite entendue ; nous nous sommes accordés avec Lariandre pour payer une partie du virtus volé, Théodobald nous a suivi à Val Brésac, et nous avons prononcé son exclusion en bonne et due forme.

 

1245 – Le principal événement de l’année a été la venue à l’Alliance d’un jeune mage de Bérinor, Reginald de Verditius. Celui-ci nous a affirmé tenir d’un informateur (dont il a refusé de nous révéler l’identité) de Doïsseteppe que les Pontifex se livraient à des manœuvres qui, si elles étaient prouvées, pourraient ébranler sérieusement le pouvoir politique de ladite Alliance et justifieraient de sanctions rarement vues au sein de l’Ordre d’Hermès. Nous avons accepter d’aider Reginald à vérifier ses informations et celui-ci nous a donné en échange le point de départ d’une enquête : des mages importants de Doïsseteppe se seraient déplacés régulièrement à Val Negra et ce malgré l’interdiction votée par le Tribunal l’an passé. Les investigations sur place, si elles ont effectivement permis d’établir avec certitude le fait dont il était question, n’ont en revanche pas permis d’en découvrir la raison et se sont surtout mal terminées. L’enquête s’est en effet poursuivie dans la Bouche des Enfers et ceux qui s’y sont aventurés trop profondément en sont ressortis profondément affectés. En particulier Pandore a été complètement traumatisée par l’événement et ne souhaite plus guère quitter son sanctum. Dans une moindre mesure Reginald a également été touché et a désormais renoncé à découvrir les agissements secrets de Doïsseteppe. Il nous a cependant envoyé une missive en fin d’année pour nous informer que son contact à Doïsseteppe  craignait d’avoir été découvert par le Cercle intérieur et que, ayant cherché à le rencontrer suite à cette nouvelle, il avait acquis la certitude que la personne qui s’était présentée devant lui n’était qu’une usurpatrice.

J’ai cru comprendre que certains de nos servants avaient eu des démêlées avec le Petit Peuple à la suite d’une partie de deis (un jeu curieux qui s’appelle la rafle) mais que l’histoire s’était finalement bien terminée. Cela dit je n’en connais pas les détails ni même la véridicité mais je mentionne simplement l’événement au cas où il entraînerait des conséquences pour l’avenir.

 

1246 – Une année presque tranquille où la quiétude de l’Alliance n’a été troublée que par des réminiscences d’un passé encore trop proche. Un lieutenant d’Ukaasaal est parvenu à convaincre le seigneur vieillissant du Mas d’Asile de remettre en cause l’acte de cession que nous avons signé avec son aïeul. La manœuvre a fait long feu mais a coûté la vie d’un de nos servants. Les deux couraient après une gloire perdue et le premier a finalement rejoint son maître aux Enfers tandis que le second a pu être ramené à davantage de raison. J’espère ardemment qu’Ukaasaal n’a plus de lieutenants en activité car nous espérions sincèrement en avoir terminé avec toute cette histoire. Le démon auquel nous avons fait face n’était heureusement que l’ombre pathétique de son maître (je présume que la disparition de ce dernier a beaucoup affaibli les pouvoirs de ses sous-fifres) mais son action a ravivé de douloureux souvenirs qui ont pesés lourdement dans les semaines qui ont suivies. Je pense en particulier à Pandore dont la confrontation avec le démon s’est probablement révélée particulièrement pénible.

Par ailleurs j’ai été chargée par Protantus d’assister son filius dans une enquête concernant la disparition d’un Toque Rouge, Longinus de Mercere, probablement au cours de son passage au Carrefour des Vents. Au vu de la dangerosité (et du mépris du Code Hermétique) affichée par les quatre thaumaturges de ladite Alliance nous étions accompagnés dans notre tâche par plusieurs mages, dont deux membres de la Maison Flambeau. Nos investigations ont rapidement permis de retenir la responsabilité du Carrefour des Vents avant que les événements ne viennent nous opposer une solution au combien plus étrange. Il m’est d’ailleurs impossible de relater ceux-ci par le détail tant ils nous ont laissé dans la plus grande confusion. Il semblerait que les mages du Carrefour des Vents se soient entretués sous l’influence d’un mystérieux individu et que sous l’action du regio magique les événements se soient retrouvés à se répéter à l’identique chaque jour. Longinus a été pris dans la boucle, probablement du jour où elle s’est produite, et nous l’avons été à notre tour. Celle-ci a pris fin avec la mort accidentelle du mystérieux individu, sans que nous en connaissions précisément la cause. Mon étude du regio a été interrompue et je ne peux proposer d’explication qui me semble raisonnable (tout au plus je suspecte un lien avec le cinquième thaumaturge du Carrefour des Vents, mort depuis de nombreuses années).

 

1247 – Une nouvelle efface par son importance tout ce qui a pu se produire autrement dans l’année : Oxioun est entré dans son Crépuscule Final et a, dans sa folie, sérieusement endommagé la bibliothèque de Doïsseteppe. En particulier les archives du Tribunal ont presque entièrement péri. J’ai mené de longues investigations à la demande de Protantus, dont les résultats confirment le déroulement des événements. En conséquence de quoi les Pontifex de Doïsseteppe ont décidé d’abandonner la charge qui était celle de leur Alliance comme sanction de ce manquement grave et pour affirmer leur volonté de redynamiser le Tribunal Provençal en déplaçant son centre politique vers une Alliance plus jeune et moins exilée géographiquement. Il va sans dire que, une fois passé le choc de la nouvelle, les tractations politiques pour déterminer la nouvelle Alliance d’accueil du Tribunal ont commencé à faire rage et que Val Brésac est candidate.

 

Marion, filius de Rebecca de Guernicus